De plus en plus de salariés s’interrogent sur le sens et la finalité de leur travail. Et cette quête bouleverse le monde professionnel en modifiant le rapport au travail et les exigences vis-à-vis de celui-ci. La réponse est peut-être dans notre histoire.
Qu’est ce qui explique ce questionnement sur le sens du travail ?
Les temps de pause, les moments où l’on souffle ont peu à peu disparu au profit d’une frénésie où chaque instant, sous prétexte de performance, doit être rendu productif, rentable, efficient.
Cette contraction du temps ne permet pas de prendre justement le temps de s’interroger.
Est-ce que ce questionnement s’est accentué avec le télétravail massif de ces derniers mois ?
Oui cela à dilaté le temps. Surtout le premier confinement. Un nouveau champs des possibles s’est ouvert. Et il est évident que certains l’ont utilisé pour porter une réflexion sur les notions de bonheur au travail et de sens au travail. Selon une enquête d’OpinionWay pas moins de 25% des salariés interrogés disent que leur travail n’a pas de sens pour eux.
Qu’est-ce que l’on peut faire pour répondre à cette demande ?
Recontextualiser. Redonner des couleurs au décor de nos entreprises.
Mettre un babyfoot et changer le mobilier ?
Non ça ce sont les accessoires, les goodies du management. Il faut recontextualiser en racontant l’histoire. Comment parlons-nous de l'histoire, de la vie de nos organisations ? Pas la grande Histoire, mais la petite. Celle de l'entreprise, de ses fondateurs, du projet d'origine. Steve Jobs et son garage, Michelin et la bicyclette, Starbucks et moby Dick, Lacoste et sa valise en crocodile…
Le mythe fondateur c’est cela ?
Oui. Tous ces mythes fondateurs racontent quelque chose de l'entreprise. Il n'y a pas d'organisation sans un mythe fondateur qui relie entre eux les hommes et les femmes qui la compose. Reprenons nos archives, rassemblons notre mémoire et partageons ces mythes ! Loin d’être anecdotiques ces histoires ont une profonde influence sur l’entreprise. Très souvent positive, dans certain cas négative.
Mais en quoi cela peut influencer la vie quotidienne des salariés ?
Comme toute société humaine une entreprise a besoin de connaître ses origines. Cette histoire donne une culture commune et développe une confiance collective. « On l’a fait par le passé, on peut le refaire ». De génération en génération de salariés, on se la raconte. D’une histoire, cela devient une légende. Et « il faut l'Histoire pour l'ensemble et la légende pour les détails. »
Est-ce que cela peut aussi aider les managers ?
Absolument. Le temps a donné des couleurs et de la profondeur au mythe fondateur. Il est devenu synonyme d’audace et il est bon de s’y référer dans les périodes où l’entreprise doute et se questionne. Il y a toujours eu une prise de risque, une certaine folie douce et une confiance absolue dans l’avenir. Et c’est bien souvent ce que les managers ont besoin d’insuffler dans les entreprises quand cela tangue.
Vous parliez de risque aussi ?
Quand l’histoire devient si forte, si prégnante qu’elle enferme. Le fondateur légendaire ou le syndrome du sauveur qui est impossible à remplacer. Un passé si lourd qu’il empêche de s’ouvrir à de nouvelles opportunités dans un marché qui se réinvente. C’est souvent signe d’une histoire douloureuse, qui n’a alors pas été complètement accepté par le collectif. Il faut alors faire œuvre de mémoire, identifier ce qu’il y a de limitatif pour pouvoir le dépasser et se projeter vers l’avenir.
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