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Être témoin du Christ sur son lieu de travail est-ce possible ? - Interview Radio Présence


 
Interview Jacques de Scorraille

Nathalie Cardon (NC) : Dernier entretien avec Jacques de Scorraille, directeur et fondateur d’Ecclésia RH et auteur aux éditions Artège du livre « Heureux comme un chrétien au travail, oui c’est possible ! ». Jacques de Scorraille, merci de votre passage ici dans la Ville rose, et cette série de clés pour vivre sa vie en entreprise. Dans les dernières émissions on a parlé du travail, d'être heureux au travail, de traverser aussi les tensions, les conflits quand ils se présentent au cœur même de l'entreprise ; la relation avec le manager, entre collègues de travail. Une autre couleur pour donner presque un envoi en mission à tous ceux qui nous écoutent, qui sont salariés dans une petite, moyenne ou grande entreprise, ou chef eux-mêmes : l'Evangélisation. Je suis chrétien, je suis catholique, je suis pratiquant. Comment être témoin du christ dans son lieu de travail ? Et au fond, comment trouver la bonne clé et la juste clé pour évangéliser au sein même de l'entreprise ?


Jacques de Scorraille (JS) : La première personne à évangéliser dans le travail, c'est soi-même. 80 % de notre effort doit se tourner vers nous-même. Parce qu'on voit bien que se changer soi-même n'est pas nécessairement simple. Certes il faut se convertir au Seigneur, mais il faut aussi se convertir aux autres, à l'autre : celui avec qui je travaille tous les jours. Il n'est pas donné à tout le monde d’avoir une équipe enthousiasmante avec qui tout va bien. On a vraiment et fréquemment besoin de cette force de l'Esprit-Saint pour se laisser transformer par l'Esprit-Saint lui-même, mais aussi se laisser transformer par les autres, par qui l’Esprit nous parle aussi. Les relations que nous avons avec les autres contribuent à nous questionner. Elles nous aident à réfléchir sur nous-mêmes et ainsi, normalement, à progresser dans nos relations professionnelles. Il est donc essentiel de rechercher cette unité avec nous-même, les autres et le Seigneur, car là se trouve une première clé de notre fécondité dans notre travail.


NC : Alors, dans votre ouvrage vous être très concret, vous donnez une multitude de témoignages d'hommes et de femmes en entreprise. Je pense à Laurent dans cette entreprise où il fait une erreur de commande au lieu de commander une tonne de saumon, il fait l'erreur d'en commander dix tonnes.

Qu'est-ce que ça dit très précisément de Laurent dans l'entreprise ? Il est ailleurs. Il est parti quelque peu sur une autre planète, une autre entreprise, il est sous tension. Il a des soucis pour une telle erreur.


JS : Je vais ramener votre question à la question précédente sur l'évangélisation dans le travail. L’exemple que vous citez qui est pris dans le livre effectivement, souligne qu'un chrétien au travail, est d’abord quelqu'un de compétent. C'est essentiel pour accomplir son travail comme attendu, mais aussi pour ne pas prêter le flanc à des critiques du type : « et il se dit chrétien ! ». Attention au contre-témoignage ! Je le répète, l'enjeu pour le chrétien, c'est d'être compétent dans son métier, compétent sur son secteur d'activité, être pleinement engagé dans son entreprise. Il y a un enjeu par rapport à l'évangélisation, de certes rejoindre le Seigneur dans ce que l'on fait, ou d'être rejoint par le Seigneur dans ce qu'on fait, mais aussi dans les compétences que l’on déploie. Offrir le développement de ses compétences au Seigneur, lui présenter notre travail est aussi essentiel : « fait de moi, Seigneur, un excellent professionnel ». Dès lors que je suis un excellent professionnel, la dimension spirituelle va prendre sa place avec beaucoup plus d'impact dans notre relation à l'autre. Au témoignage de quelqu'un qui est fiable et performant, va s’ajouter un témoignage de vie chrétienne qui est souvent édifiant. Cette double compétence humaine et spirituelle forme d’ailleurs la vraie autorité.


NC : La compétence avec l'exemplarité. Vous en parlez dans votre livre ?


JS : Oui, car l’exemplarité est aussi une compétence vertueuse car elle entraine les autres, même si ceux-ci ne vous le disent pas !


NC : Vous avez aussi dans cet ouvrage, pour terminer sur une note qui envoie en mission, une histoire très étonnante en ce qui concerne le travail, et au fond, l'engagement dans l'entreprise. Ce petit jeune de 22 ans qui débute dans une entreprise et qui a un grand désir d'évangéliser et très vite cela tourne mal. Vous pouvez revenir sur cette histoire ?

Interview Jacques de Scorraille

JS : Effectivement ; dans cet ETI un intranet vient d’être mis en place. La DRH cherche à faire la promotion de cet outil et demande aux collaborateurs de proposer des initiatives sur l'intranet de façon à le faire vivre. Ce jeune vient d'arriver. Ayant repéré une chapelle fermée juste à côté de son entreprise, il se débrouille pour la faire ouvrir et se dit : « faisons maintenant la promotion de celle-ci ». Une idée « géniale » lui vient à l’esprit : « je vais mettre sur l'intranet un message aux 3000 collaborateurs pour leur indiquer que tel jour il y aura une messe pour tous ceux qui le veulent ». Il envoie son message interne et s’étire sur sa chaise satisfait du geste accompli. Il n’a pas le temps de ramener ses bras sur le bureau que le téléphone sonne. C'est la responsable des ressources humaines, qui l’appelle et lui « passe un savon » terrible. Elle lui dit que ce n'est pas possible, que l'entreprise est laïque et que du coup, les choses ne vont pas se passer comme ça. Au bout de trois minutes, le post est supprimé de l'intranet. Il est convoqué par son patron qui lui indique que la DRH veut son licenciement. Finalement, comme il était un jeune ingénieur et que l’entreprise avait besoin d'ingénieurs, ils l'ont gardé. Grâce à ce message éphémère, la messe a pu réunir une vingtaine de participants, et ce jeune garçon s’est fait de nombreux amis chrétiens dans son entreprise !


Cette histoire renvoie au fait de ne pas être seul quand on est chrétien au travail. Si on veut évangéliser dans son travail, il est important de trouver un petit groupe d'amis avec qui on peut partager cet appel. Déjeuner ensemble régulièrement avec d’autres chrétiens permet de partager sa foi et de se porter mutuellement. Animer un temps de prière à côté de son lieu de travail peut être riche aussi. Des amis salariés d’une multinationale ont créé une petite bibliothèque dans une « armoire secrète » pour s'échanger des livres. Il y a tout un tas d'initiatives qui existent comme cela. Je connais aussi une très grosse entreprise, un laboratoire pharmaceutique, où le DG chrétien a demandé à un de ses cadres de créer un petit groupe de prière à côté de l'entreprise, de façon à porter un certain nombre d'intentions. Il est donc important de ne pas rester seul.


NC : Donc oui, éviter l'isolement. Si on reste isolé, on se met en danger au sein même de l'entreprise.


JS : L’être humain est un être de relation. Il est fait pour la communauté. Être en communauté, permet aussi de discerner ensemble ce qui peut être bon ou moins bon de faire face à telle ou telle situation. Ce regard des autres permet justement de challenger nos idées d'évangélisation.


NC : Au fond, trouver des astuces ?


JS : Oui il ne s'agit pas de plaquer. Si je vous plaque un certain nombre de choses, ça ne marchera pas. Il est important d'être ajusté aux situations qui se présentent afin de répondre à bon escient.


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NC : Alors on est chrétien, on est dans une entreprise, on parle d'évangélisation. Au fond c'est la question du ciel, et la question peut-être de la sainteté à travers la compétence et l'exemplarité. Comment devenir saint ?


JS : La clé, c'est l'Esprit Saint. Il faut que je laisse l'Esprit Saint agir en moi. Il faut que je me laisse transformer par l'Esprit Saint. Et où reçoit-on l’Esprit Saint si ce n’est dans les sacrements ? Chaque sacrement est une effusion de l'Esprit, c'est vraiment un don de l'Esprit Saint que je reçois à chaque sacrement. Avoir une vie sacramentelle, notamment avec le sacrement de la réconciliation régulier et l’eucharistie à laquelle j'ai plein de choses à offrir. J'ai déjà là une source « d'esprits saints » considérables. Et puis, comme insiste Marthe Robin, ce qui est important, c'est non seulement d'aller à l'Eucharistie, mais aussi d'avoir des temps d'oraison. Si je prends un temps d'oraison tous les matins, je cultive le terreau dans lequel l’eucharistie va être déposée. L'Eucharistie est la graine et l’oraison le terreau. Si je travaille ce terreau par cette oraison régulière, quotidienne, dix, quinze, une demi-heure par jour, l'Eucharistie va donner tout son fruit. Le fruit de l'Eucharistie va être la présence de l'Esprit Saint et donc cet Esprit Saint qui m'habite. Cet Esprit de Dieu va m’aider à rayonner de la présence du Christ, va me donner cette joie qui interroge les autres. En plein conflit avec un client, avec des fournisseurs, dans une situation interne complexe, si je suis habité de cette présence de l'Esprit Saint, celui-ci va m'inspirer les mots justes, l'attitude, la posture à avoir, ça va se remarquer nécessairement à un moment ou un autre. Au cours d'un repas ou à la fin d'une réunion, il y a tel ou tel collaborateur qui va venir me parler pour me dire : « J'ai été touché par la manière dont tu as présenté les choses, la parole apaisante que tu as donnée, la piste que tu as ouverte ». Vous dans votre cœur vous pourrez dire : « Merci Esprit Saint ». Cet Esprit de Dieu il se trouve au fond de nous. Notre enjeu et d’aller le chercher et l’entretenir par la prière et la vie sacramentelle. C’est à ce « prix » que l’on peut rayonner de notre foi.


NC : Au fond, vous donnez la clé de cette série de clés pour vivre et être heureux au travail. C'est la clé de l'Esprit Saint. Prier l'Esprit Saint en tous temps, en tous lieux, et même sur son lieu du travail.


JS : Exactement !


NC : Merci infiniment Jacques de Scorraille, fondateur d’Ecclésia RH, pour ce livre : « Heureux comme un chrétien au travail ? Oui, c'est possible ! » paru aux éditions Artège, et pour ces entretiens que nous avons eus pour mieux vivre notre travail.




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