L’été se profil, il est temps de faire un bilan de l’emploi. Ce qui a changé ? Au-delà des confinements et du télétravail? de quoi allons-nous nous souvenir de cette année ?
Nous avons appris l’improvisation depuis plusieurs mois, mais cela ne va pas sans une part d’échec qui ne semble pas spécialement valoriser une entreprise.
La peur du bonnet d’âne. Notre rapport à l’échec vient, la plupart du temps, de notre enfance et de notre éducation. Le mode de notation à l’école pointe les erreurs et non l’apprentissage. On a évalué pendant très longtemps le verre à moitié vide et non le verre à moitié plein. On n’avait pas le droit à l’erreur, c’était sanctionné.
Alors comment changer ?
Faire comprendre à chacun que, dans un environnement totalement incertain, il n’existe qu’un seul chemin pour réussir et il passe par l’échec. On essaie, on se trompe, on apprend, on comprend, on ajuste, on retente et on finit par trouver la solution. S’il ne s’était pas trompé dans ses calculs, Christophe Colomb n’aurait pas découvert l’Amérique. De nombreuses découvertes scientifiques sont le résultat d’une erreur. Et combien de fusées se sont écrasées avant que l’humanité puisse poser un pied sur la lune ?
C’est aussi une année où toutes nos habitudes ont volé en éclats ?
Oui, nos habitudes, nos routines quotidiennes ont disparu et avec elles, notre sentiment d’appartenance est écorné. Il a fallu en inventer de nouvelles et les tester, les modifier, les ajuster. Il nous a fallu cultiver ce sentiment d’appartenance pour que chacun, depuis nos maisons et nos appartements, nous restions des « hommes et des femmes debout ».
Depuis la maison en télétravail. Il a semblé plutôt plébiscité. Est-ce que ça veut dire que la vie en entreprise est finie ?
Attention au mélange des genres. Ce que nous avons vécu pendant le confinement était tout sauf la pratique usuelle du télétravail 100% des salariés, 100% en télétravail et 100% à la maison ce n’est pas le schéma habituel. Et non, selon l’organisation du télétravail, la vie en entreprise n’est absolument pas finie, elle sera probablement différente, mais elle n’est pas finie. Allez au bureau demain ne sera pas ringard !
Le rôle de manager a-t-il changé cette année ?
Oui, profondément. Dans cette course de productivité dans laquelle nous étions enfermés jusque-là, nous perdions l’Essentiel de vue. La cohérence entre nos actions et notre pensée. Entre notre cœur et notre intelligence. Entre notre intelligence et notre bras. Le manager pendant toute l’année s’est retrouvé à redonner du sens, à rappeler le lien qui nous unit avec notre entreprise.
Le lien ? Mais n’est-ce pas le lien du contrat de travail tout simplement ?
Pas uniquement. Il faut redonner sans cesse la vision globale de l’entreprise, donnez de la profondeur de champs. Cela permet de mieux appréhender la finalité réelle de son travail, de se souvenir que nos actions contribuent à quelque chose de plus grand que nous et que nous faisons tous partie d’une même communauté de travail. Une communauté solidaire.
La solidarité en entreprise ? Ce n’est pas un discours que nous avons l’habitude d’entendre…
La solidarité c’est un élan du cœur, un sentiment qui nous pousse à nous tourner vers ceux qui ont besoin d’aide. C’est un geste gratuit, c’est notre humanité qui agit. Par l’éthique, par le devoir moral ou par intérêt peut être. Mais être solidaire quelque soit la raison, c’est se soutenir mutuellement. Ce n’est pas terme contradictoire avec l’entreprise, il doit être réhabilité et réinstauré dans un climat de confiance.
Une confiance qui n’exclut pas le contrôle ?
Cette expression synthétise la dualité en entreprise : avoir une relation de confiance, source d’engagement et permettant de s’ouvrir à l’interdépendance, tout en ayant un œil sur la réalisation de la mission. Le risque avec cette expression, c’est qu’avec le temps cela justifie le contrôle plus que de favoriser la confiance.
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